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Devenir marraine à l'autre bout du monde


Comment je suis devenue marraine à l'autre bout du monde !

Pour moi les voyages sont la rencontre de l'autre, de soi et la découverte en général : paysages, culture, architecture, gastronomie, etc. Ils sont rythmés par les différentes aventures que nous vivons lors ces périples. Il y a des expériences qui sont absolument incroyables et pour avoir la chance de les vivre, il faut laisser place à l'imprévu. A vouloir trop organiser, on court-circuite des moments magiques que l'on pourrait vivre.


Parmi mes différents voyages, un souvenir m'a particulièrement marquée.


Je suis arrivée en Equateur pour la première fois en mars 2017, je venais de Colombie où j'avais rencontré deux français que je devais rejoindre en Equateur à Montanita. Ce n'était pas au programme et là encore, je me suis laissée guider par les rencontres. J'avais envisagé de passer quelques jours à Quito avant de les retrouver, mais l'altitude, le froid et l'impatience de les voir ont eu raison de moi. J'ai donc finalement décidé de partir le lendemain pour cette station balnéaire.


J'ai pris les transports publics afin de rejoindre la gare des bus. J'y ai rencontré un vénézuélien tatoueur avec qui j'ai discuté et sympathisé. Il m'a invité à boire un jus de fruit pour passer un moment ensemble en attendant le prochain bus. Je n'étais pas obligée d'accepter mais j'ai eu envie, mon instinct me disait que c'était une bonne idée. Ce moment a été plutôt bref mais très agréable, je suis repartie quelques instants plus tard récupérer le bus pour le terminal. En attendant le prochain bus, j'ai demandé confirmation de la destination à un Équatorien. Il allait au même endroit que moi et m'a donc guidé jusqu'au terminal, puis nous avons sympathisé en attendant nos bus respectifs. J'allais à Montanita et lui à Puyo. Nous avons ensuite échangé nos numéros pour rester en contact et que je le tienne au courant si j'allais dans sa ville, ce qui n'était pas du tout dans mes plans.


Mon voyage continua : Montanita, Guayaquil, Cuenca et Banos. Dans cette dernière ville, proche de Puyo (porte d'entrée de la jungle équatorienne), des agences proposaient des tours dans la jungle avec différentes activités et celle qui attira particulièrement mon attention était la rencontre d'une communauté. J'avais eu des retours plutôt négatifs sur ces rencontres plus touristiques qu'authentiques, exactement ce que je ne voulais pas!! Mais, entendre parler de ces communautés avait attisé ma curiosité et m'avait donné envie d'aller à la rencontre d'une des communautés locales !


C'est là que j'ai décidé de contacter David ; l'équatorien de Puyo, pour lui expliquer mon projet. Il avait un ami d'une communauté et je pouvais aller rencontrer sa famille (à 1h de Puyo en s'enfonçant dans la jungle). Parfait ! Me voilà donc partie rejoindre David à Puyo pour qu'il me donne quelques explications. Quelques jours plus tard, je me suis rendue là-bas.


Le bus me déposa le long d'une route escarpée où il y avait la nature humide et verdoyante, cette forêt quasi-vierge qui vous émeut, un arrêt de bus et un chemin, et, c'est tout. J'ai supposé que le chemin m'amènerait au village en question. Moins de 15 minutes de marche et me voilà arrivée sur une voie sans issue, avec une rivière mouvementée au bout et un pont suspendu qui menait au village. A peine ai-je posé un pied sur ce pont, que quelques enfants se sont mis à le traverser en courant pour me rejoindre, m'accueillir et me demander qui m'avait invité. C'était incroyable, ça paraissait presque irréel.

Puis, je rencontrais la famille qui allait m'accueillir : Maria et son mari qui vivent avec une de leurs filles, Mayra, qui elle même est maman de trois filles. Il y avait aussi un couple de volontaires argentins. Les membres de la famille se parlaient Qechua et avec nous espagnol. Je suis restée deux jours dans cette famille, deux jours absolument intenses malgré cette tranquillité et ce silence détendu.

On m'a informée que le mari de Maria était le chaman du village, mais aussi qu'il s'occupait de l'église. J'appris aussi que sa fille avait exactement mon âge, quel choc de culture ! Moi, au bout du monde, voyageant seule avec mon sac à dos à la recherche de moi-même, de la tranquillité, de la sagesse, ma culture européenne, la société de consommation dans laquelle j'ai grandit, cette indépendance que j'avais vis à vis de la famille (pas de mari, pas d'enfant …) et, elle, Mayra, n'ayant jamais connue d'autres cultures, maman de trois enfants, d'une sagesse d'esprit tellement belle, loin de la dépendance au monde matériel et économique. On était toutes les deux si curieuses d'apprendre de l'autre !!! Et, ainsi j'appris que c'était sa maman qui l'avait accouché à trois reprises, elle était plus ou moins la sage femme du village, qu'elle portait désormais un implant pour ne plus tomber enceinte car elle avait eu trois accouchements à risque et le prochain pouvait être très dangereux. Elle n'est pas mariée au père de ses enfants car elle veut être indépendante, chose incroyable dans sa culture !!! Nos discussions ont été peu nombreuses, mais si profondes !


L'échange avec cette famille a été clairement une très belle expérience. Je me suis très bien entendue avec ses trois filles aussi, elles étaient trop rigolotes et tellement loin de tout jugement.

Bref, ce moment fut magique, entre les discussions, les fabrications de bijoux en graines, les repas silencieux sur le sol, les animaux mangeant le riz avec nous (une portion pour chacun : le singe, le perroquet, le toucan, les chats, etc.). J'ai vécu des moments vrais, en connexion avec eux, avec moi et avec la nature. C'était beau !


Le matin de mon départ, je devais récupérer le bus à 7h. A 6h, j'ai rejoint la famille pour les dernières discussions, et là... Surprise... Je ne m'y attendais tellement pas : Mayra me demanda si j'accepterais de devenir la marraine de sa deuxième fille de 7 ans. Au début, je ne compris pas vraiment le mot puisque je ne l'avais jamais entendu auparavant, mais je fus bouche bée au moment où je l'ai compris. Cette connexion que j'avais senti entre elle et moi était donc bel et bien réelle. Il m'a fallu moins de 5 minutes pour accepter cette proposition honorable. En effet, le parrain ou la marraine a un rôle plus important pour eux que pour la majorité des gens en France, puisqu'ils sont très croyants. En acceptant, je ne pensais pas que nous allions faire un baptême, mais si ! Bien sur, puisque le grand père de ma future filleule est l'homme d'église. Il enfila donc ses quelques parures de cérémonie et nous fit un baptême hors normes et des plus rapides. S'ensuivit des cadeaux que nous nous fîmes entre ma filleule et moi et quelques photos souvenirs.


Je pris ensuite le bus et c'est à ce moment là que j'ai réalisé la beauté de ce que je venais de vivre et les larmes coulèrent à flot.


Voilà comment je suis devenue pour la première fois de ma vie marraine. Ma filleule vivant à l'autre bout du monde, ce n'est pas très pratique mais j'ai à cœur de tenir ce rôle au sérieux et donc j'aurais forcément toujours un lien très fort avec ce pays qu'est l'Equateur.


Et pour ce faire, son anniversaire qui a suivi, j'ai fait envoyé un colis de France avec des cadeaux pour elle. N'ayant pas d'adresse et de facteur qui passe dans leur communauté, j'ai du le faire envoyer chez David (qui vit dans une base militaire) afin qu'il le fasse passer à la famille qui finalement a été prévenue avant David qu'un colis était au bureau de poste pour eux. Oui, le fonctionnement de la "poste" est bien différent de chez nous.

Puis l'année qui a suivi (mars 2018), je suis retournée en Equateur afin de voir ma filleule et sa famille, j'en ai profité pour embarquer un ami à moi dans mon périple équatorien. Mais comme les surprises arrivent toujours en voyage, en voilà une qui m'a empêché d'aller jusqu'à ma famille adoptive. En effet, le "soroche", comme on l'appelle là-bas (mal d'altitude), m'a pris le 5ème jour après notre arrivée et ce, pendant une semaine. J'ai donc été contrainte de redescendre au niveau de la Mer et d'oublier l'étape tant attendue dans la communauté près de Puyo. Ma filleule et ses soeurs ont donc reçus les petits cadeaux que j'ai pu faire parvenir en bus, mais ne m'ont pas vu. En retour, j'ai eu des jolies photos d'elles, ravies, le sourire jusqu'aux oreilles et les yeux qui pétillent.

Grâce à internet, on arrive à se donner régulièrement des nouvelles notamment via facebook, car le papa des petites vit à la ville et de temps en temps les week-ends, elles y vont et ont accès l'espace d'un court instant à ces moyens de communication ; chose fort pratique pour rester en contact avec ma filleule et la tenir informée de ma prochaine venue en Equateur.




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